J'ai scanné ce chapitre qui est beau et qui me parle (en ajoutant la numérotation, des commentaires et des phrases en gras).
PRÊTRESSE (chapitre du livre « Initiation »)
Les prêtresses ont différentes tâches qu'elles accomplissent selon leurs facultés respectives.
1)
Certaines donnent des cours aux danseuses du Temple.
2)
D'autres, plongées dans un sommeil sacré, aident les âmes confuses qui, après la mort, errent dans l'atmosphère terrestre, à retrouver leur chemin. Sans cette assistance, elles stagneraient peut-être encore pendant des centaines, voire des milliers d'années puisque, dépourvues d'organes des sens, elles n'ont pas la possibilité de glaner des expériences ni d'établir un contact avec d'autres êtres. Elles sont enfermées en elles-mêmes et ne peuvent trouver la route du progrès. Les prêtresses cherchent ces âmes tourmentées, pénètrent leur essence de toute la force de l'amour et, grâce à leur identité intérieure, imprègnent leur conscience d'idées qui vont leur permettre de trouver une juste solution à leur état. La mission de ces prêtresses est de ce fait double : elles aident ces âmes errantes à avancer et, simultanément, nettoient l'atmosphère terrestre.
3)
D'autres prêtresses travaillent avec la jeunesse pour lui apprendre comment assurer à sa descendance des corps beaucoup plus beaux et plus sains. Elles
initient les jeunes gens aux mystères de l'amour physique. Elles enseignent aux jeunes hommes comment ennoblir l'instinct par la force de l'esprit afin d'établir une relation spirituelle élevée, un sacrement. Les jeunes hommes sur le point de se marier suivent également ces cours afin de connaître cette énergie sacrée, de la transmettre à leur épouse future et de donner naissance à de nobles enfants.
4)
Enfin,
certaines prêtresses ont les mêmes tâches que les prêtres. Elles
dirigent des groupes de néophytes, supervisent les exercices de concentration, reçoivent ceux qui, dans n'importe quel domaine, ont besoin de conseils. Et lorsque ces prêtresses ont atteint le rang supérieur de la prêtrise, elles peuvent guérir les malades avec le bâton de vie. C'est en suivant cette voie qu'une prêtresse peut devenir grande prêtresse. C'est ce groupe- là qui m'est assigné.
J'aime profondément mon travail ! C'est merveilleux de voir l'âme de mes élèves s'épanouir et toujours mieux révéler le divin. C'est l'illustration vivante du cube opaque qui devient peu à peu transparent et laisse paraître le principe créateur divin. Chaque jour, j'en fais l'expérience avec mes chers néophytes. J'ai aussi beaucoup de joie à m'occuper de ceux qui viennent au Temple exposer leurs problèmes physiques et psychiques. Je les reçois dans la petite cellule qu'Ima m'avait indiquée alors que, pour la première fois, j'étais entrée dans le Temple. Là, les gens me révèlent leur « autre » visage, celui que personne ne soupçonne, souvent même pas eux. Je vois le visage intérieur de chaque créature et il est fort intéressant pour moi d'apprendre à discerner comment les événements et les expériences ont façonné les différents visages selon la loi de l'action et de la réaction. Oh ! si tous les hommes pouvaient voir ce qui est en eux ! Ils ne pourraient plus se haïr, ils ne pourraient plus avoir peur les uns des autres ! Il n'y a pas de mauvaises personnes ! Ils se font du mal, parfois même cruellement, parce qu'ils croient que les autres leur veulent du mal et ils se défendent avant même d'avoir été attaqués, par peur. Ils donnent ainsi aux autres une bonne raison de penser qu'ils sont animés de mauvaises intentions. Si on pouvait les convaincre qu'ils n'agissent ainsi que par peur réciproque, non par méchanceté, ils seraient rassurés et pourraient se serrer la main. Les hommes sont ignorants et aveugles, ils ne se voient pas. Et c'est là la source de toute l'inimitié et de l'hostilité sur terre. Il n'y a rien de plus beau que d'ouvrir des yeux et d'observer grandir dans un regard la lueur de la compréhension et de la connaissance.
À côté de ce travail, je suis autorisée à être présente lorsque Ptahhotep ou son remplaçant guérit les malades avec le bâton de vie. Le matin, les malades arrivent au Temple par leurs propres moyens ou sont amenés par leurs proches. Ptahhotep fait pénétrer dans ces corps malades une nouvelle énergie vitale. Il m'est souvent donné d'observer comment ce bâton de vie guérit en quelques secondes des fractures ou d'horribles blessures qui ne laissent plus apparaître ensuite qu'un léger épaississement de l'os ou une fine cicatrice. Comme on soude des pièces de métal, le bâton de vie soude les os brisés et referme les blessures des muscles, tendons, veines, nerfs et peau. Il agit tout aussi rapidement dans les cas les plus compliqués d'inflammation des poumons, des reins ou de n'importe quel organe. Grande est la miséricorde de Dieu qui donna aux hommes ce moyen de recouvrer la santé.
En plus de mon office dans le Temple, je continue de remplir mes devoirs de femme du pharaon. Comme par le passé, je suis aux côtés de mon père lors des réceptions et autres célébrations officielles. J'observe les gens de la Cour et tous ceux qui assistent à ces fêtes. Souvent, nous recevons des représentants de pays étrangers qui sont bien différents des fils des hommes de chez nous. La couleur de leur peau, la forme de leur tête, leur silhouette et toutes les forces qu'ils émettent sont différentes. Ils apportent parfois pour présents des choses merveilleuses que nous ne connaissons pas ici : des animaux que je n'ai jamais vus, des pierres précieuses, des étoffes, de la poterie extraordinaire. Père a déjà fait venir nombre d'artistes de ces pays lointains afin qu'ils enseignent leur art à nos jeunes élèves du Temple. En échange, certains de nos artistes et de nos savants sont allés dans ces pays pour faire connaître nos arts et nos sciences. Père m'a dit que nous irions un jour visiter ces pays.
Depuis l'initiation, je peux partir seule en chariot avec les lions. Par l'initiation, j'ai reçu la faculté de diriger ma propre volonté dans les centres nerveux d'autres êtres et de les garder sous mon contrôle. Je maîtrise maintenant ces centres nerveux devenus actifs, mais qui sont encore latents chez les fils des hommes, et je peux émettre une force de volonté si puissante et pénétrante qu'elle fait d'un être l'instrument inconscient de ma volonté. Mais, le don de Dieu le plus important est le libre arbitre dont doit jouir l'homme et que personne n'a le droit de violer. Ce serait de la magie noire ! C'est pourquoi je n'exerce jamais la puissance de ma volonté sur autrui. Ce serait pourtant si simple d'aider quelqu'un à résoudre ses problèmes si je pouvais faire agir ma volonté. La responsabilité serait alors mienne et c'est moi qui aurais résolu le problème, pas lui. Je lui aurais aussi enlevé la possibilité de passer un examen.
Chacun doit résoudre ses propres problèmes car c'est ainsi seulement que l'on glane des expériences, que l'on développe sa force de volonté et élargit l'horizon de sa conscience.
Les animaux sont directement soumis aux forces de la nature. Ils exécutent donc automatiquement sa volonté et ne sont pas au bénéfice du libre arbitre. C'est pourquoi je peux soumettre mes lions à ma volonté. C'est merveilleux de voir avec quelle rapidité ces animaux obéissent à mes pensées. Ils réagissent à la moindre impulsion de ma volonté et j'ai parfois le sentiment qu'ils appartiennent au même Soi que mes mains et mes pieds. Le même Soi divin est la vie de chaque créature et « l'amour » des animaux n'est rien d'autre que l'effort inconscient pour réaliser cette unité du Soi au niveau de conscience inférieur physique.
L'enfant inconscient fait de même lorsqu'il tente de réaliser cette unité, cette identité, en portant tout à sa bouche. Les animaux possèdent ce même instinct. L'unité, c'est-à-dire l'amour entre moi et mes lions est si grand qu'ils prennent ma main, ou même ma tête entre leurs mâchoires et font semblant de me manger (commentaire : Arcane n°11). Ils ne mordent pas, ce n'est qu'un jeu. Mais je comprends que, lorsque ces animaux dévorent une gazelle par exemple, ils ne suivent que cet instinct qui les pousse vers l'unité. L'instinct de conservation et l'instinct de préservation de l'espèce ont donc la même source originelle : l'aspiration à retrouver l'état d'unité divine. C'est pourquoi les manifestations de ces deux instincts sont si étroitement liées et mêlées les unes aux autres. La nature exploite ces tendances originelles vers l'unité pour assurer la descendance par l'instinct de procréation et par la faim pour maintenir le corps en bonne santé. C'est pourquoi la viande que les lions reçoivent de leur gardien n'est jamais aussi bonne pour eux que celle qu'ils obtiennent en déchirant une proie fraîchement tuée car, par cet acte, ils font l'expérience d'une sorte d'union avec ce qui vit, avec la vie elle-même. Avec ce qui est mort, ils ne peuvent qu'assouvir leur faim, pas leur désir d'unité !
J'ai beaucoup de plaisir en compagnie de mes lions. C'est fascinant d'observer ces magnifiques animaux manifester toutes les caractéristiques du Ra (soleil) divin transformées sur le plan animal. Petit Bo-Ghar partage mon plaisir, il est en parfaite harmonie avec tout ce que je fais et dis. C'est à mon tour de lui enseigner l'art de se tenir en équilibre sur le chariot, tout comme le fit autrefois mon père avec tant de patience. Bo-Ghar est très doué pour cela aussi, il fait instinctivement les mouvements qu'il faut et, très rapidement, il peut m'accompagner lors des plus longues courses.
Pendant les périodes calmes, j'accompagne Père à la mer, dans notre petite maison de vacances. Bo-Ghar vient avec nous et, à trois, nous jouissons des plaisirs de la mer. Père s'occupe avec joie du petit garçon. C'est un plaisir de voir son âme pure s'épanouir comme une belle fleur. Un jour, Père observe Bo-Ghar longuement avant de l'appeler pour lui demander : « Bo-Ghar, veux-tu devenir mon collaborateur ? ».
Bo-Ghar se prosterne très bas devant Père et, les mains jointes, lui répond avec un profond respect :
« Maître, je consacrerai toute ma vie à la tâche que tu me confieras afin d'en être digne ». Père caresse la tête du garçonnet : « Relève-toi, Bo-Ghar. Tu travailleras avec nous à la grande oeuvre qu'est le salut de la terre. Fais ce que les maîtres du Temple te disent et tu seras un jour notre assistant... Relève-toi, tu n'as pas à te jeter à mes pieds ».
Bo-Ghar se relève, il ne peut cacher sa joie. Il danse et sautille comme un petit singe ; puis il décide de se comporter en adulte pour être digne de la confiance de mon père. N'y tenant plus, il court à la mer pour y chercher des coquillages.
Une fois seule avec Père, je lui demande : « Père, j'ai reçu l'initiation et lorsque je m'élève au-dessus du temps, je vois le passé et l'avenir aussi bien que toi. Pourtant je ne peux rien discerner de mon propre avenir. Pourquoi en est-il ainsi ? La seule chose qui m'importe de savoir est le progrès qui me permettra de me développer jusqu'à l'échelon suprême et divin. Alors explique-moi pourquoi je peux voir l'avenir de tout le monde sauf le mien ! Le brouillard tombe sur mes yeux chaque fois que je dirige ma conscience vers mon futur ».
Père me regarde, sourit et attend.
Je lui souris et réponds par la pensée. Nous nous comprenons. Son regard dit : « Pourquoi demandes-tu ? Si tu ne peux voir l'avenir, c'est qu'il doit en être ainsi afin que tu puisses correctement faire ton devoir. N'y pense pas, agis et fais tout ce qui est en ton pouvoir pour atteindre par tes propres efforts le degré suprême dont tu as fait l'expérience pendant l'initiation avec l'aide de Ptahhotep ».
Quand le devoir nous rappelle à la ville, nos jours se passent entre le Temple et le palais. Mon travail me donne joie et satisfaction.
Pourtant, je me réjouis toute la journée d'arriver au soir ; après avoir accompli toutes mes tâches, je peux m'absorber en moi-même, en Dieu (commentaire : méditation et prière renouvelée). Chaque fois, je réitère mon intention d'atteindre le niveau suprême par mes propres efforts et je m'en approche toujours plus. Mais, chaque fois, je suis déçue (
commentaire : le désir nous frustre) car, lorsque je retourne dans ma conscience personnelle, je dois bien admettre que, cette fois encore, je n'ai pas réussi à parvenir à cette ultime réalité telle que je l'ai vécue pendant l'initiation et dont le souvenir brûle dans mon âme. Ma seule consolation est alors de prendre part au service du soir avec Ptahhotep.
La Chaîne de Force (commentaire)
Ptahhotep, son représentant, les prêtres et les prêtresses, tous les initiés se réunissent dans le Temple le soir au coucher du soleil. Nous nous asseyons en cercle ; Ptahhotep et son assistant se font face comme deux pôles. Nous formons un demi-cercle à droite et un à gauche. Un certain temps nous est nécessaire pour libérer notre corps spirituel de toutes les impuretés inévitablement absorbées au contact des fils des hommes. Puis, Ptahhotep tend ses mains bénies à ses deux voisins et, tous, nous nous tenons par la main, formant ainsi un circuit par lequel Ptahhotep et son assistant conduisent dans notre corps le courant suprême divin. Cela nous aide à parvenir à l'état de conscience supérieure de l'unité divine. Le développement de la force de résistance de nos nerfs se fait ainsi beaucoup plus rapidement que si nous ne devions dépendre que de nos propres forces. Ces moments de bonheur de vivre chaque jour pendant l'office du soir sont la substance et le sens de ma vie.
Ô Dieu ! donne-moi la force d'élever ma conscience jusqu'à Toi par mes propres moyens.
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Elisabeth HAICH est née en 1897 en Hongrie. Pianiste-concertiste réputée en Hongrie, elle a étudié également la sculpture à l'Académie des Arts de Budapest et réalisé plusieurs oeuvres monumentales dans cette ville qu'elle a dû quitter en 1948. Son idée était d'émigrer en Amérique. Son chemin passant par la Suisse, elle y rencontra des amis qui l'ont accueillie et elle s'y établit.
Malgré un âge avancé, son activité débordante n'a jamais faibli. En plus de conférences où elle a fait bénéficier un large public de sa connaissance, elle a enseigné le yoga à Zurich en collaboration avec Selvarajan Yesudian.
Elle est décédée en 1994 après une vie pleinement réalisée.
Elle a écrit plusieurs ouvrages en particulier "Initiation" (éditions du Signal Lausanne) dans lequel elle fait le récit de sa vie en Europe au XXème siècle et aussi dans l'Égypte ancienne où elle retrouve l'enseignement qui lui avait été prodigué par le Grand Prêtre Ptahhotep. Pas à pas elle est instruite des vérités occultes et élevée à une compréhension des ultimes mystères de la vie.
Elle a aussi écrit : "Force sexuelle et yoga", "la sagesse du Tarot" et, en collaboration avec Selvarajan Yesudian : "Sport et Yoga" et "Raja-Yoga"(Editions du Signal, Lausanne, pour tous les ouvrages).